« Imagination is more important than knowledge »
Albert Einstein, Philadelphia Saturday Evening Post, 26 octobre 1929.
« La découverte des Nouveaux Mondes recensés au cours des siècles passés par les géographes et les historiens est close, celle des nouveaux Nouveaux Mondes surgis en peu de décennies sous l’effet des avancées de la science, de la technique, de l’économisme conquérant commence à peine. Ils se créent autour de nous… Nous en sommes à la fois les indigènes – nous leur appartenons – et les « étrangers » – nous y sommes souvent dépaysés bien que nous les pratiquions ».
Georges Balandier, Le Grand Système, 2001.
La chaire de recherche et de formation « Modélisation des imaginaires, innovation et création » a été créée fin 2010, pour une durée de cinq ans, par deux institutions académiques, l’Ecole Télécom Paris-Tech et l’Université de Rennes 2, et quatre partenaires industriels mécènes, Dassault Systèmes, Ubisoft, PSA Peugeot Citroën et Orange, auxquels se sont associés les Bell Labs d’Alcatel Lucent et la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale).
Les imaginaires sont constitués de récits et d’univers de formes dynamiques toujours plus complexes. Ils façonnent les objets techniques dans le processus d’innovation. Les technologies d’information et de communication sont ainsi saturées de représentations sociales, de fictions et d’images, productrices de différenciation ou de mimétisme. Ces « technologies de l’esprit » comme les jeux vidéo, les mondes virtuels ou les univers en 3D, se saisissent de cette « matière première » des imaginaires, la modèlent et la transforment. Réciproquement, ces imaginaires sont toujours plus « technologisés » produisant une intensification et une accélération de l’innovation. Mais en profondeur, agit une autre temporalité, celle des représentations sociales qui opèrent sur de très longues périodes, telle une mémoire diffuse informant les imaginaires des acteurs et des objets. A l’intersection de ces trajectoires, les représentations sociales et culturelles se cristallisent en des concepts et des objets, s’agrégeant eux-mêmes dans de « nouveaux mondes » artificiels qui à leur tour, nourrissent des imaginaires inédits. Le défi est d’explorer les possibilités de modélisation et de modelage de ces mondes, et dans le même temps d’analyser et de formaliser la logique et la dynamique des imaginaires qui se concrétisent à l’occasion de ces processus continus et itératifs d’innovation intensive.
La chaire ambitionne de remonter aux sources encore peu explorées et défrichées de l’innovation, là où se confrontent et s’entremêlent les intuitions, les concepts, les émotions, les rêves et les imaginaires des divers acteurs, notamment ceux des concepteurs et des utilisateurs… La finalité de cette chaire est la recherche fondamentale et appliquée, l’expérimentation et la formation sur les imaginaires ainsi que le décryptage des nouvelles formes industrielles. La chaire se positionne ainsi sur le triptyque stratégique : recherche, industrie et formation. Elle s’appuie sur des travaux pluridisciplinaires et utilise des méthodologies solides : histoire des techniques, recréation 3D, modélisation cognitive et émotionnelle…
La chaire invite au voyage, au sein même de nos fabrications mentales, dans « l’Amazonie de nos imaginaires ». Cette exploration cristallise l’association de chercheurs, de créateurs et d’industriels qui façonnent et transforment la matière première des imaginaires en la mettant au service de l’innovation technique et culturelle.